La pelade et le sport: Le témoignage de Noémie

 

Quotidiennement, je me déplace à vélo : soit avec mon vélo pliant puis transports en commun, soit tout mon trajet 100% avec un VTC.

Pendant la période où ma pelade universelle n’était pas assumée, cela impliquait le port du casque… par-dessus un bandeau posé sur ma perruque qui elle-même est posée sur un bonnet bambou. Tu as l’image d’un millefeuille en tête ? Oui, c’est exactement cette sensation mais… sur ma tête ! C’était l’astuce que j’avais trouvée car je ne pouvais concevoir de faire du vélo sans cheveux. Ainsi, le bonnet bambou servait à absorber la transpiration. Plus ce bonnet absorbe la transpiration plus la perruque peut glisser, alors… au cas où: j’ajoutais un bandeau en coton jersey élastique par-dessus et cela me permettait de mieux « fixer » ou plutôt « ficeler » l’ensemble sur ma tête à l’effort.

Pourquoi je détaille la matière de ce bandeau ? Parce qu’il est souple et doux, en l’enlevant il n’arrachait pas ou ne brisait pas les cheveux. Cependant, il générait quelques frottements qui rendaient les cheveux crépus au niveau de la nuque, et particulièrement avec la perruque aux cheveux synthétiques.

L’ensemble était lourd et peu confortable mais il était plus important pour moi de cacher ma pelade car je ne voulais pas affronter le regard des autres.

Un jour, je suis sortie d’une réunion de travail à toute vitesse: il fallait que j’aille récupérer ma fille avant la fermeture du péri-scolaire. Ni une, ni deux, j’enfile mon casque (par-dessus vous savez tout;)), je saute sur mon vélo pliant et je fooooonce jusqu’à mon arrêt de tramway. Le tramway est déjà arrivé et sur le point de partir ! Parfait: je freine juste devant la porte d’entrée, je descends de mon vélo, et j’entre avec celui-ci, je défais la sangle de mon casque…

Au moment de plier mon vélo, je ne me suis pas rendue compte qu’une mèche de ma perruque était restée coincée dedans… Je plie mon vélo et là… FrouuuUtch ! Mon casque et ma perruque glissent de ma tête. Me voilà la tête à semi-découverte, les cheveux enchevêtrés dans le mécanisme de mon vélo, dans une rame de tramway, en pleine heure de pointe !

Curieusement, à ce moment précis, j’aurais vraiment cru que j’allais éprouver de la honte, la gêne de ma vie, et me faufiler vite fait dans un trou de souris. Eh bien non, pas du tout ! C’est la réaction des gens autour de moi qui m’a fait dire que « tout allait bien ».

Toutes les personnes autour se sont senties gênées, j’ai même souri car un monsieur a sursauté au moment où tout a glissé. J’ai même ressenti de la bienveillance, et peut-être même de la pitié (« roooh elle a un cancer, elle est si jeune ! ») dans le regard de mes co-voyageurs. Je ne pouvais tout de même pas avoir peur de ces gens-là ! J’ai rapidement pu me dépêtrer de la situation, ouf.

Pour la première fois j’ai commencé à me dire que c’était tellement compliqué d’être un millefeuille et qu’un jour, pourquoi pas, je cesserai de porter la perruque. Avant, je ne l’envisageais même pas. Aujourd’hui, avec du recul, je peux vraiment dire que ce moment a un peu contribué à me donner «la force» de faire le coming-out de ma maladie et de briser le tabou autour de moi.

Lorsque j’ai fait mon coming-out, je me suis mise à porter un simple bonnet 100% coton, tout doux, sous mon casque de vélo. C’est tout de même bien plus simple et confortable. En arrivant au travail, j’avais un foulard « plus chic » que je sortais de mon sac à dos avec une mèche que j’enfilais dans les toilettes…

Noémie

(PS : Au fait, c’est bon, j’avais bien pu récupérer ma fille à l’heure 😉 )

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